Après des années de combat pour obtenir le crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH), Wendell Dempsey a éprouvé un certain soulagement la semaine dernière lorsque tous les membres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes (FINA) ont appuyé à l’unanimité un amendement au budget fédéral qui permettrait à tous les Canadiens et les Canadiennes atteints de diabète de type 1 (DT1) d’avoir accès à ce crédit d’impôt.
Pour Wendell, la mise à jour apportée au CIPH signifierait qu’il serait moins imposé sur son revenu, réduisant ainsi une partie du stress engendré par les frais élevés associés à la liste croissante de complications de santé résultant de son DT1.
« Ce changement signifierait que nous n’aurions plus à nous battre avec le médecin pour faire signer des documents, et que nous n’aurions plus à compter le nombre d’heures par semaine nécessaires pour essayer de contrôler cette maladie. », affirme-t-il.
Bien qu’il soit atteint de diabète de type 1 depuis plus de 20 ans, Wendell n’a été approuvé pour le CIPH que très rarement. « Parfois, je suis approuvé et parfois, je ne le suis pas. Cependant, mon diabète est toujours resté constant et mes dépenses n’ont fait qu’augmenter. ».
Des milliers d’autres personnes ont exprimé leur reconnaissance en ligne à l’égard de cette avancée positive, y compris Joanna Stimpson qui a utilisé les médias sociaux pour dire
« Enfin! » en remerciant son mari Matt atteint de DT1 qui a courageusement partagé son histoire avec le Comité de la Chambre des communes. Matt a fait une demande de crédit d’impôt pour personnes handicapées en même temps que sa fille de 14 ans, Tilly. Tilly a été approuvée, mais pas Matt, alors qu’ils souffrent tous deux de la même maladie et que les frais encourus et le temps consacré à l’autogestion sont pratiquement les mêmes.
Toutes les Canadiennes et tous les Canadiens atteints de DT1 peuvent témoigner des coûts exorbitants qui accompagnent la gestion quotidienne de cette maladie. De l’insuline aux dispositifs, en passant par les fournitures, les personnes et les familles peuvent payer jusqu’à 15 000 $ par an de leur poche pour survivre. Le DT1 est une maladie auto-immune où le système immunitaire attaque et détruit les cellules productrices d’insuline dans le pancréas d’une personne. Les personnes atteintes de DT1 doivent s’administrer une forme externe d’insuline, par injection, pompe ou stylo, plusieurs fois par jour pour survivre. Il n’existe pas de guérison, mais les technologies et les dispositifs de traitement du diabète ont très bien progressé pour aider les gens à mieux gérer la maladie et à mener une vie plus saine, plus facile et plus sûre. Toutefois, même avec une gestion rigoureuse, il subsiste un risque de complications liées au diabète, à savoir le coma, les amputations, l’insuffisance rénale, et même la mort.
L’objectif du CIPH consiste à assurer l’équité fiscale en permettant une certaine réduction des frais liés au handicap, puisque ce sont des frais inévitables que les autres contribuables n’ont pas à payer. Cependant, il peut se révéler difficile pour les personnes atteintes de DT1 d’y avoir droit. De nombreux professionnels de la santé, comme le Dr Bruce Perkins, un endocrinologue de l’hôpital Mount Sinai à Toronto, en Ontario, indiquent que le processus d’admissibilité actuel est lourd. Il affirme que l’exigence des 14 heures s’avère arbitraire, archaïque et présente trop de défis injustes pour les personnes qui essaient d’accéder à la prestation.
Le Dr Perkins est un farouche opposant à l’exigence des 14 heures, déclarant que « le simple fait de recevoir un diagnostic de diabète de type 1 signifie que l’on subit déjà des soins thérapeutiques essentiels à la vie, que l’on porte un fardeau physique hebdomadaire supplémentaire, et que l’on doit faire face à des difficultés psychologiques ainsi qu’à d’importants fardeaux financiers liés aux frais directs et indirects du diabète de type 1. L’exigence selon laquelle une personne atteinte de DT1 doit justifier un nombre arbitraire d’heures consacrées à sa maladie ne trouve pas écho auprès de la communauté médicale, fait peser un fardeau injuste sur le fournisseur de soins de santé et induit une partialité majeure dans la façon dont les personnes atteintes de DT1 bénéficient d’un crédit d’impôt. ». L’amendement proposé au projet de loi budgétaire peut lever cette barrière à l’accès en qualifiant automatiquement les personnes atteintes de DT1 et permettre à la communauté de dire : « Enfin! ».