
Les 85e séances scientifiques de l’American Diabetes Assocation se sont tenues du 21 au 24 juin 2025. Les recherches présentées à l’ADA couvrent tous les domaines des avancées liées au diabète de type 1 (DT1), y compris les dispositifs, les thérapies d’appoint et les toutes dernières innovations en matière de thérapies cellulaires.
Mises à jour sur les recherches en thérapies cellulaires
Le Dr Andrew Pepper (Edmonton) a présenté des stratégies de vascularisation visant à améliorer la survie et la fonctionnalité des îlots transplantés. L’implantation d’un biomatériau sous la peau déclenche une réponse immunitaire et une réaction à corps étranger, ce qui entraîne la formation de vaisseaux sanguins et de structures autour de l’objet implanté. Le retrait de l’objet laisse un noyau creux prévascularisé, propice à la transplantation d’îlots. Ce processus peut être optimisé en utilisant un matériau biodégradable, ce qui élimine le besoin de retrait, et en ajoutant des « cellules accessoires » comme des cellules souches programmées pour former des vaisseaux sanguins afin de maintenir un environnement vascularisé pour les îlots.
Le défi le plus pressant de la thérapie cellulaire : Lorsqu’on a demandé au panel d’experts quel était le principal obstacle à l’accès des patients aux thérapies cellulaires, la réponse a été unanime : éliminer les immunosuppresseurs tout en maintenant l’efficacité et la sécurité.
Il s’agit d’un axe prioritaire pour Percée DT1 et de l’objectif de nombreux projets en cours menés par des chercheurs canadiens financés par Percée DT1. Un exemple est le travail dirigé par le Dr Andras Nagy (Toronto) et le Dr Tim Kieffer (Vancouver), présenté à l’ADA :
Le laboratoire du Dr Nagy a identifié huit gènes immunomodulateurs qui, une fois modifiés, permettent aux cellules transplantées d’être « camouflées » et d’échapper au rejet immunitaire. Les travaux présentés à l’ADA démontrent que le laboratoire du Dr Kieffer a réussi à intégrer ces modifications génétiques dans des îlots humains dérivés de cellules souches embryonnaires humaines. Lorsqu’elles ont été placées dans une boîte de Petri avec d’autres cellules immunitaires, ces cellules modifiées ont survécu à la réponse immunitaire qui détruit normalement les îlots non modifiés. Cette approche doit maintenant être testée sur un modèle animal avant de passer aux essais cliniques chez l’humain.
Mises à jour sur la thérapie à base de cellules souches de Vertex, Zimislecel (VX-880)
Le Dr Michael Rickels (Pennsylvanie) a présenté les données sur Zimislecel (VX-880), une thérapie à base d’îlots dérivés de cellules souches nécessitant une immunosuppression. Cette thérapie est administrée par perfusion dans une veine du foie chez des personnes atteintes de DT1 souffrant d’une conscience hypoglycémique altérée et d’épisodes hypoglycémiques sévères.
L’essai clinique de phase 1/2, qui fait partie de l’essai pivot en cours FORWARD-101 (phases 1/2/3), est terminé. Douze participants ont reçu une seule perfusion de la dose complète de cellules et ont été suivis pendant au moins un an.
Les 12 participants ont atteint le critère principal : élimination des épisodes hypoglycémiques sévères et taux d’HbA1c inférieur à 7 %. 10 participants sur 12 (83 %) sont devenus indépendants de l’insuline.
Tous les participants ont démontré une production d’insuline soutenue (mesurée par le taux de C-peptide), une réduction de l’utilisation d’insuline externe et un temps dans la cible glycémique supérieur à 70 %. Les effets indésirables légers à modérés observés étaient cohérents avec le protocole d’immunosuppression, la procédure de perfusion et les complications liées au DT1.
Ces données, publiées dans le New England Journal of Medicine, représentent une preuve supplémentaire du potentiel curatif de la transplantation d’îlots fabriqués pour traiter le DT1. Le soutien de Percée DT1 au Dr Doug Melton, Ph. D.—dont les îlots créés en laboratoire sont désormais développés par Vertex—remonte à plusieurs décennies, tant par des subventions de recherche qu’un investissement du Fonds DT1, une initiative de Percée DT1.
En savoir plus sur les mises à jour de Vertex : https://perceedt1.ca/nouvelles-excitantes-des-essais-cliniques-de-vertex-sur-la-therapie-a-base-de-cellules-souches/
Mise à jour de 6 mois sur les îlots immuno-évasifs de Sana Biotechnology
Le Dr Per-Ola Carlsson (Suède) a présenté des données sur la thérapie d’îlots dérivés de donneurs de Sana, modifiée à l’aide de la technologie hypoimmune (HIP), démontrant que les cellules peuvent échapper au système immunitaire sans immunosuppression. Ces cellules ont été implantées par voie intramusculaire dans le cadre d’une première étude chez l’humain, chez une personne atteinte de DT1 ne produisant plus d’insuline mesurable.
Six mois après la transplantation, cette personne produit de l’insuline de façon constante, comme en témoignent les taux de C-peptide. Un test de tolérance au repas mixte (MMTT) a confirmé que ces cellules ne se contentent pas de survivre, mais qu’elles réagissent aussi aux variations de la glycémie. La personne a toujours besoin d’un apport en insuline externe, car elle a reçu une dose inférieure à celle nécessaire pour atteindre l’indépendance insulinique. Aucun effet secondaire grave n’a été signalé, ce qui indique que les cellules et la procédure sont sûres et bien tolérées.
Il s’agit d’un premier pas prometteur vers une thérapie fonctionnelle du DT1 sans immunosuppression. Sana Biotechnology prévoit appliquer cette technologie à des îlots fabriqués. L’entreprise bénéficie du soutien du Fonds DT1 pour faire progresser sa technologie HIP, et Percée DT1 continue de collaborer étroitement avec elle.
Pour en savoir plus sur Sana : https://perceedt1.ca/une-premiere-dans-la-therapie-cellulaire-des-ilots-transplantes-fonctionnent-sans-immunosuppresseurs/
Principaux constats
Les thérapies cellulaires progressent de manière significative en essais cliniques, et certaines personnes recevant des îlots dérivés de cellules souches deviennent indépendantes de l’insuline. Les chercheurs s’attaquent aux plus grands défis liés à l’optimisation de la transplantation d’îlots, notamment la production à grande échelle, la survie des cellules et leur capacité à échapper au système immunitaire.
Mises à jour sur les thérapies modificatrices de la maladie
Dre Heather Denroche (Integrated Nanotherapeutics), a présenté des travaux sur une approche utilisant des nanoparticules lipidiques capables de délivrer une thérapie immunitaire antigène-spécifique pour le DT1. Cette approche repose sur un produit combiné de type « vaccin » utilisant leur plateforme exclusive de nanoparticules lipidiques multi-cargo pour co-administrer un ARNm codant certaines protéines des îlots (pour cibler spécifiquement les antigènes) ainsi que de petites molécules immunomodulatrices (pour interrompre l’attaque auto-immune nocive contre les îlots). Cette thérapie a permis de prévenir et d’inverser le diabète chez la souris, ce qui justifie la poursuite du développement préclinique comme traitement prometteur pour le DT1.
Laura Sanz Villanueva (Australie), qui travaille dans le laboratoire du chercheur Dr Thomas Kay (financé par Percée DT1), a présenté une étude mécanistique complémentaire à l’essai clinique BANDIT. L’étude de phase 2 BANDIT, financée par Percée DT1 en Australie, a démontré que le baricitinib, un inhibiteur des voies JAK1/2 qui bloque la communication entre cellules immunitaires, pouvait augmenter la production d’insuline (mesurée par le C-peptide) chez des personnes récemment diagnostiquées avec le DT1. L’étude présentée a révélé que le baricitinib peut réduire le nombre de cellules tueuses naturelles (NK) dans le pancréas, lesquelles participent à la destruction auto-immune des cellules bêta. Ces données fournissent des informations précieuses sur le mécanisme de protection des cellules bêta induit par le baricitinib.
Principaux constats
Les recherches qui explorent différentes approches en matière de thérapies modificatrices de la maladie montrent un véritable potentiel et la promesse de traitements qui rendront la gestion du DT1 plus simple et plus sécuritaire.
Mises à jour sur les recherches visant à améliorer la qualité de vie
Thérapies d’appoint à l’insuline
Une attention particulière a été portée aux agonistes des récepteurs du GLP-1 (GLP-1RA) et aux inhibiteurs des co-transporteurs sodium-glucose (SGLTi) pour leur rôle dans la réduction des complications à long terme et l’amélioration du contrôle glycémique chez les personnes atteintes de DT1.
Agonistes des récepteurs du GLP-1
Les agonistes du récepteur du peptide glucagon-like 1 imitent l’hormone GLP-1, qui stimule la production d’insuline et régule l’appétit. Exemples : Ozempic® (sémaglutide) et Mounjaro® (tirzépatide), ce dernier agissant à la fois sur le GLP-1 et sur une autre cible similaire, le GIP.
Inhibiteurs SGLT
Les inhibiteurs des co-transporteurs sodium-glucose ciblent les cellules des reins afin d’empêcher la réabsorption du glucose dans le sang, ce qui permet son élimination par les urines. Exemples : Farxiga® (dapagliflozine) et Zynquista® (sotagliflozine).
Dr David Cherney (Toronto) a présenté une revue des effets des inhibiteurs SGLT (SGLTi) et des agonistes du récepteur GLP-1 (GLP-1RA) sur la réduction des maladies rénales chroniques (MRC) chez les personnes atteintes de DT1 :
- L’essai EMPA-KIDNEY a montré que l’empagliflozine (SGLTi) améliore la santé rénale chez les personnes vivant avec le DT1.
- Dans l’essai ATTEMPT, financé par Percée DT1 Canada et les IRSC, la dapagliflozine (SGLTi) a amélioré le temps dans la cible (TIR), réduit les niveaux d’HbA1c et eu des effets positifs sur la fonction rénale chez les jeunes atteints de DT1.
- L’essai de phase 3 SUGARNSALT, actuellement en cours et financé par Percée DT1, teste si le sotagliflozine (SGLTi) peut ralentir la progression des maladies rénales modérées à sévères chez les personnes atteintes de DT1, avec des stratégies rigoureuses de réduction des risques d’acidocétose diabétique (ACD).
- L’essai de phase 2 REMODEL-T1D, également financé par Percée DT1, évalue si le sémaglutide (GLP-1RA) peut améliorer la santé rénale chez les personnes vivant avec le DT1.
Principaux constats
Percée DT1 œuvre en vue d’un avenir où ces médicaments seraient accessibles aux personnes atteintes de DT1 afin de mieux gérer leur glycémie et de réduire le risque de complications à long terme.
Des données canadiennes tirées du registre BETTER, financé par Percée DT1, ont été présentées : sur près de 1 400 adultes vivant avec le DT1, environ 14 % (n=192) utilisaient une thérapie d’appoint. Parmi ce groupe, le traitement le plus courant était la metformine (39 % des 192 utilisateurs de thérapies d’appoint), suivie des agonistes du récepteur GLP-1 (27 %), des inhibiteurs SGLT (21 %) et d’une combinaison de ces traitements (13 %).
Bien que ces thérapies ne soient pas encore approuvées pour les adultes atteints de DT1 au Canada, les Lignes directrices de pratique clinique de Diabète Canada ont été mises à jour au début de 2025, devenant les premières au monde à recommander d’envisager l’utilisation (hors indication) de thérapies d’appoint pour certains adultes afin de les aider à atteindre leurs objectifs de traitement.
Mises à jour sur les recherches liées aux dispositifs pour le diabète
La Dre Alanna Weisman (Toronto) a présenté une revue des obstacles et des facteurs facilitants à l’adoption des technologies du diabète chez les personnes vivant avec le DT1. D’après plus de 200 études, les obstacles les plus fréquents incluaient : l’appartenance à une minorité raciale ou ethnique, des préoccupations liées à l’assurance (ex. : couverture) et des facteurs liés aux cliniques et aux professionnels de santé (ex. : restriction de l’information ou des prescriptions).
Les principaux facteurs facilitants comprenaient : l’éducation du patient, le soutien aux patients et la formation des professionnels de la santé.
Les travaux de la Dre Weisman, financés par Percée DT1, examinent plus particulièrement les obstacles à l’adoption des technologies chez les Canadiens en situation de désavantage social.
Les équipes des Drs Anne-Sophie Brazeau et Rémi Rabasa-Lhoret (Montréal), responsables du registre BETTER, ont présenté les données suivantes sur l’utilisation des dispositifs au Canada :
Une comparaison de l’utilisation des technologies chez les adultes de plus de 50 ans, selon les données du registre BETTER (n = 674), a révélé des taux similaires d’utilisation de la pompe à insuline chez les personnes atteintes de DT1 dans la cinquantaine (39 %) et la soixantaine (38 %), mais un taux légèrement inférieur chez les adultes de plus de 70 ans (35 %). L’écart était plus marqué pour l’utilisation des lecteurs de glycémie en continu (SGC), avec un taux de 85 % chez les adultes dans la cinquantaine et la soixantaine, contre seulement 73 % chez ceux de plus de 70 ans.
Le registre BETTER comprend également une vaste gamme de mesures de résultats rapportés par les patients, qui nous informent sur des facteurs tels que la peur de l’hypoglycémie. Dans un échantillon de 115 adultes atteints de DT1, l’introduction de la délivrance automatique d’insuline (AID) a permis de réduire : le nombre d’épisodes d’hypoglycémie signalés chaque mois, le nombre d’hypoglycémies symptomatiques survenant la nuit, et surtout, la peur moyenne de l’hypoglycémie, selon des mesures validées par sondage. Ces résultats confirment le potentiel de l’AID à alléger le fardeau de l’hypoglycémie chez les adultes vivant avec le DT1.
Principaux constats
Les recherches financées par Percée DT1 sur l’accès aux dispositifs et le développement des technologies de prochaine génération permettront d’améliorer la gestion quotidienne du diabète et de réduire une partie du fardeau mental et émotionnel associé au DT1.
Pour visionner un récapitulatif vidéo : https://www.breakthrought1d.org/news-and-updates/everything-you-need-to-know-about-ada-2025/ < En anglais seulement >