Marche Percée DT1 : un succès d’un océan à l’autre!

Tout au long du mois de juin, des milliers de personnes se sont rassemblées dans près de 50 communautés à travers le pays pour amasser des fonds en soutien à la recherche sur le diabète de type 1 (DT1). 

La Marche Percée DT1 (auparavant la Marche pour la guérison du diabète FRDJ) est le plus important événement de collecte de fonds au Canada réunissant la communauté du DT1. Elle rassemble celles et ceux qui ont à cœur d’améliorer le quotidien des quelque 1 Canadiens vivant avec le diabète de type 1 (DT1), alors que nous poursuivons notre quête d’une thérapie de guérison.  À ce jour, la Marche Percée DT1 a permis de recueillir plus de 143 millions de dollars au cours de ses plus de 30 ans d’histoire, ce qui en fait l’un des événements caritatifs les plus durables et les plus fructueux au pays. 

Cette année, l’objectif collectif de collecte de fonds est de 3,2 millions $ pour soutenir la mission de Percée DT1 Canada, qui est de trouver des thérapies de guérison pour le DT1. Jusqu’à présent, plus de 2,5 M$ ont déjà été amassés grâce à 1313 équipes, 9112 participant·e·s et 17807 dons!   

Des Marches ont également eu lieu en mai, et d’autres sont prévues à l’automne, notamment dans le cadre du programme scolaire de la Marche Percée DT1, qui permet aux écoles de tenir leur propre Marche avec le soutien de leurs élèves et de leur personnel, tout au long de l’année scolaire. 

L’édition 2025 a véritablement été un effort national, avec des Marches dans chaque province, de Terre-Neuve à l’île de Vancouver, et même dans le Yukon et le Nunavut grâce aux événements « Marchez à votre façon ». 

La Marche est bien plus qu’une simple collecte de fonds. C’est l’occasion pour les familles vivant avec le DT1 de se réunir, de partager leurs histoires et de se soutenir les unes les autres. Plusieurs Marches offraient un espace réservé aux familles nouvellement diagnostiquées, animé par des bénévoles ayant eux-mêmes traversé le choc du diagnostic et prêts à offrir écoute, ressources et encouragements.   

Partout, il y avait des jeux pour enfants, des activités offertes par nos partenaires corporatifs, des personnages de Star Wars, des chandails d’équipe faits sur mesure, du maquillage, et bien plus encore! Chaque lieu avait sa propre touche spéciale pour rendre la journée inoubliable pour tous les participant·e·s. 

À Toronto, Max Domi, ambassadeur de Percée DT1, était de retour pour la Marche. Il a pris des centaines de selfies avec des fans, signé des autographes et partagé sur scène un témoignage émouvant sur son propre parcours avec le DT1, en soulignant le rôle crucial de ses parents (présents sur place) dans sa gestion du diabète et son chemin vers la LNH. Fidèle à lui-même, Max s’est montré généreux, accessible et inspirant, en particulier pour les familles nouvellement diagnostiquées. 

Nous tenons à remercier nos ambassadeur·drice·s de la Marche, qui brisent les tabous entourant le DT1 et ouvrent la voie à une nouvelle génération de jeunes fier·ère·s et engagé·e·s à améliorer la vie aujourd’hui tout en construisant un avenir sans DT1. Ils et elles sont une source d’inspiration, et nous les remercions chaleureusement pour leurs efforts et leur enthousiasme. 

Merci également à nos partenaires corporatifs, dont le soutien nous permet de créer une journée empreinte d’un bel esprit communautaire, tout en offrant des ressources précieuses aux familles touchées par le DT1, en particulier celles nouvellement diagnostiquées. 

Merci à nos formidables et infatigables comités de bénévoles de Percée DT1 ainsi qu’à notre personnel, qui travaillent pendant des mois pour assurer le bon déroulement des Marches et offrir à nos participant·e·s la meilleure expérience possible. 

Nos Marches Percée DT1 ne pourraient tout simplement pas avoir lieu sans l’appui exceptionnel de nos marcheur·euse·s, bénévoles, donateur·trice·s, fournisseurs, ainsi que de nos partenaires locaux, régionaux et nationaux. Vraiment, nous ne pourrions pas y arriver sans vous.  

Ensemble, nous avons marché, sachant qu’à chaque pas, nous nous rapprochions un peu plus de la ligne d’arrivée – un monde sans DT1. Et nous ne nous arrêterons pas tant que nous ne l’aurons pas franchi. 

Un essai clinique financé par Percée DT1 sur une thérapie d’appoint à l’insuline chez les ados vivant avec le DT1 publie ses résultats 

La dapagliflozine, un médicament inhibiteur de SGLT2 souvent utilisé chez les personnes atteintes de diabète de type 2, a démontré une amélioration de la fonction rénale et de la gestion glycémique chez les adolescents vivant avec le diabète de type 1. Cet essai vient appuyer un nombre croissant de données probantes en faveur de l’utilisation de thérapies d’appoint (médicaments au-delà de l’insuline) pour le traitement du DT1. 

L’adolescence peut être une période difficile pour la gestion du diabète de type 1 (DT1). La vie (et les hormones!) change de bien des façons, et de nombreux adolescents présentent des taux de glycémie plus élevés que les recommandations, ce qui peut entraîner un risque accru de complications plus tard dans la vie. L’étude de nouvelles thérapies pouvant améliorer le contrôle glycémique chez les adolescents vivant avec le DT1 et réduire le risque de complications liées au diabète est essentielle pour améliorer la qualité de vie des jeunes atteints de cette maladie. 

La thérapie d’appoint à l’insuline — c’est-à-dire la prise d’un autre médicament en plus du traitement habituel à l’insuline — est une approche qui pourrait aider sur les deux plans. Par exemple, les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2 (SGLT2) sont une classe de médicaments oraux approuvés pour le diabète de type 2 qui empêchent le glucose sanguin d’être réabsorbé par les reins, favorisant plutôt son élimination dans l’urine. Le Dr Farid Mahmud et son équipe de l’Hôpital pour enfants malades (SickKids) à Toronto ont mené un essai clinique visant à évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un inhibiteur de SGLT2 appelé dapagliflozine chez des adolescents vivant avec le DT1. L’essai ATTEMPT (Adolescent Type 1 Diabetes Treatment with SGLT2i for Hyperglycemia & Hyperfiltration) a été financé dans le cadre du Partenariat pour vaincre le diabète Percée DT1 – IRSC

L’étude ATTEMPT 

L’essai ATTEMPT visait à évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un inhibiteur de SGLT2 appelé dapagliflozine pour la gestion de la glycémie et l’amélioration de la fonction rénale chez des adolescents âgés de 12 à 18 ans vivant avec le DT1. L’étude avait deux objectifs principaux : 

  1. Déterminer dans quelle mesure la dapagliflozine pourrait améliorer la fonction rénale et la gestion glycémique; et 
  1. Déterminer si le médicament augmentait le risque d’acidocétose diabétique (ACD) et si des mesures de sécurité supplémentaires pouvaient atténuer ce risque accru.   

L’essai ATTEMPT était dirigé par le Dr Farid Mahmud, endocrinologue et chercheur à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto.  

Au total, 98 participant·e·s et leurs familles ont pris part à 5 visites en personne sur une période de 22 semaines et ont été réparti·e·s aléatoirement dans le groupe dapagliflozine ou dans le groupe placebo (une petite pilule ne contenant aucun principe actif). Pendant l’étude, les participant·e·s ont continué à prendre de l’insuline, ont porté un système de surveillance du glucose en continu (SGC), ont été soumis à des tests de cétones sanguines et devaient signaler tout effet indésirable. Plus de 850 participant·e·s potentiel·le·s ont été approché·e·s au cours de deux années pour prendre part à l’étude. 

Résultats : 

ATTEMPT est le premier essai historique de ce type, conçu pour évaluer l’efficacité des inhibiteurs du SGLT2 pour optimiser le contrôle du diabète et prévenir les complications rénales subcliniques précoces dans une population pédiatrique à risque atteinte de DT1.  

Efficacité : 

L’étude a montré qu’une faible dose d’inhibiteur de SGLT2 pouvait être administrée en toute sécurité à des jeunes et des adolescent·e·s afin d’améliorer la fonction rénale ainsi que la gestion glycémique. On a observé une diminution cliniquement significative de 0,47 % de l’HbA1c dans le groupe traité, ainsi qu’une augmentation moyenne de 9 % du temps dans la cible selon les données du SGC. Il n’y a pas eu de changement dans la dose quotidienne totale d’insuline.  

Sécurité : 

L’essai a été conçu avec des protocoles de sécurité rigoureux afin d’atténuer le risque d’acidocétose diabétique. En collaboration avec des partenaires-patients (personnes vivant avec le DT1 et leurs proches aidants), une stratégie de réduction des risques d’ACD a été mise en œuvre en raison du risque accru d’ACD en situation d’euglycémie (taux de glucose dans la plage normale). Le protocole comprenait une surveillance régulière des cétones, accompagnée de directives d’intervention en cas de dépassement du seuil de 0,6 mmol/L.  

La dapagliflozine a été bien tolérée, sans effet indésirable grave lié à l’étude. Aucune différence significative n’a été observée entre les groupes dapagliflozine et placebo quant à la proportion de participant·e·s ayant présenté des taux élevés de cétones, des épisodes d’hypoglycémie ou des infections des voies génito-urinaires. Un seul cas (N=1) d’ACD légère a été observé dans le groupe dapagliflozine. Bien que les taux d’ACD soient demeurés faibles, un plus grand nombre d’épisodes de cétonémie élevée (≥ 0,6 mmol/L) ont été observés dans le groupe dapagliflozine (n=106) comparativement au groupe placebo (n=62) (P<0,001), ce qui démontre l’importance de la stratégie éducative de réduction des risques d’ACD axée sur les patient·e·s mise en œuvre durant l’étude. 
 
Les résultats de l’étude ATTEMPT ouvriront, espérons-le, la voie à d’autres recherches et à des études à plus long terme sur les bienfaits potentiels des thérapies d’appoint pour aider à gérer le diabète de type 1. 
 
Veuillez noter que la dapagliflozine, tout comme les autres inhibiteurs de SGLT2, ne sont pas approuvés par Santé Canada pour les personnes vivant avec le DT1.  

Mahmud, F.H., Bjornstad, P., Clarson, C. et al. Adjunct-to-insulin therapy using SGLT2 inhibitors in youth with type 1 diabetes: a randomized controlled trial. Nat Med (2025). https://doi.org/10.1038/s41591-025-03723-6 

La participation aux essais cliniques est essentielle pour faire progresser la recherche vitale sur le DT1, en la faisant passer du laboratoire aux personnes qui en ont le plus besoin. Pour trouver des essais cliniques sur le DT1 qui recrutent actuellement des participant·e·s, et vérifier si vous êtes admissible, veuillez visiter : essaiscliniques.perceeDT1.ca.

Une première dans la thérapie cellulaire : des îlots transplantés fonctionnent sans immunosuppresseurs

Le 7 janvier 2025 (Suède), Sana Biotechnology a publié d’importantes données cliniques (en anglais seulement) : la première personne atteinte de diabète de type 1 (DT1) ayant reçu des cellules des îlots pancréatiques provenant d’un donneur décédé, modifiés pour échapper au système immunitaire, produit de l’insuline sans immunosuppression.

*** MISE À JOUR – Juin 2025 ***

Sana Biotechnology a présenté des données mises à jour le 23 juin 2025, au point de suivi de six mois. Le seul patient ayant reçu une dose d’îlots pancréatiques de donneur hypo-immun est toujours en mesure de produire de l’insuline en réponse à un test de tolérance au repas mixte (MMTT), et ce, sans recours aux immunosuppresseurs.

Les détails

Il s’agit d’un grand pas en avant pour les thérapies à base de cellules susceptibles de pouvoir guérir le DT1. La première étude de Sana avec des sujets humains porte sur des îlots allogènes, c’est-à-dire provenant d’une source externe, et dans le cas ici, de pancréas de donneurs décédés. Ces îlots ont été modifiés pour ne pas être reconnus par le système immunitaire(hypo-immunité) et ont été implantés par voie intramusculaire chez une personne atteinte de DT1. Après quatre semaines, le peptide C circulant a augmenté, signifiant que les cellules bêta ont survécu, qu’elles sont en santé et qu’elles produisent de l’insuline, et ce, sans immunosuppression et sans problème d’innocuité. Il s’agit de la première preuve que des cellules des îlots pancréatiques modifiés ont réussi à éviter l’attaque destructrice du système immunitaire.

Ce que cela signifie pour la communauté du DT1

Bien qu’il s’agisse d’une avancée incroyablement prometteuse pour la communauté du DT1, les cellules allogènes qui ont survécu sans utiliser d’immunosuppresseurs dans le cadre de cet essai clinique provenaient de cellules de donneurs décédés, et il n’y en aura jamais assez pour en fournir à toutes les personnes atteintes de DT1. L’essai clinique a été réalisé sur un seul participant et les données ne portent que sur quatre semaines – il s’agit d’une étude de validation du concept qui est prometteuse, mais très préliminaire.

Prochaines étapes : beaucoup de choses à venir

Percée DT1 estime que la meilleure chance de guérir le DT1 réside dans les thérapies à base de cellules souches parce que la quantité d’îlots provenant de donneurs décédés est limitée, alors que les îlots issus de cellules souches peuvent être produits à grande échelle. La modification des cellules pour éviter l’attaque du système immunitaire est une nouvelle voie pour protéger les cellules bêta productrices d’insuline et éviter l’utilisation d’immunosuppresseurs. Plus important encore, cette technologie est étudiée pour être appliquée aux thérapies à base de cellules souches, ce qui constitue une solution évolutive pour un plus grand nombre de personnes atteintes de DT1. Cette technologie hypo-immune nous rapproche de la possibilité de disposer de suffisamment de cellules d’évasion immunitaire pour toutes les personnes atteintes de DT1.

Un autre essai clinique est en cours pour tester une approche similaire (CRISPR) au Canada – https://essaiscliniques.perceedt1.ca/clinical-trial/NCT05565248.

Cette approche nécessitera beaucoup de temps, d’efforts et d’argent, mais nous faisons chaque jour un pas de plus vers une guérison pour le DT1 qui pourrait changer les vies. 

Rôle de Percée DT1

L’objectif principal des travaux de Percée DT1 dans le remplacement des cellules bêta est de placer des cellules productrices d’insuline chez les personnes atteintes de DT1 sans utiliser d’immunosuppresseurs. Percée DT1 soutient fortement le développement de thérapies à base de cellules souches qui ne nécessitent pas d’immunosuppression générale et Percée DT1 International, établie aux États-Unis, a récemment lancé une initiative visant à accélérer ce processus plus que jamais (Project ACT – Accelerate Cell Therapies – en anglais seulement). Pour contribuer à l’avancement de ces thérapies qui changent la donne, le Fonds DT1, un fonds de philanthropie de risque de Percée DT1 (en anglais seulement), a investi dans Sana (en anglais seulement), reconnaissant que sa technologie d’ingénierie hypo-immune était très prometteuse pour les thérapies cellulaires pour le DT1. Nous attendons avec impatience de voir la progression de l’essai clinique.

Kendra Fisher : briser le silence sur les défis émotionnels d’être parent aidant d’un enfant atteint de diabète de type 1 

Kendra Fisher est une ancienne membre du programme de hockey de l’équipe nationale canadienne, triple championne mondiale de hockey en ligne, et pompière. Elle est aussi fondatrice de Mentally Fit, conférencière professionnelle, coach en santé mentale et future autrice. Kendra est peut-être surtout connue pour sa carrière en hockey, mais aussi pour avoir pris la décision de se retirer de son rêve de jouer pour Équipe Canada afin de gérer plusieurs diagnostics : trouble d’anxiété généralisée, trouble panique, dépression clinique, agoraphobie et trouble obsessionnel compulsif (TOC). 

Kendra a toujours fait preuve d’une grande ouverture à propos de son parcours avec la maladie mentale, et d’une profonde vulnérabilité en parlant de la perte de son fils River à 32 semaines de grossesse. Lorsque son fils Bodhi était tout-petit, il a reçu un diagnostic de diabète de type 1 (DT1). Aujourd’hui ambassadrice de Percée DT1 Canada, Kendra est aussi très impliquée dans la Marche Percée DT1 à Toronto. Elle a récemment discuté avec notre équipe pour partager comment sa famille a vécu le diagnostic de Bodhi — dans un contexte de deuil périnatal et au cœur de la pandémie. 

Percée DT1 Canada : Pouvez-vous nous parler du moment où Bodhi a reçu son diagnostic? 

Kendra : 

C’était en pleine pandémie de COVID, donc tout était déjà intense et bouleversant. Je travaillais comme pompière à temps plein, dans un environnement à haute pression. Heureusement, l’autre maman de Bodhi, Kristy, est très intuitive. Elle a vite remarqué que quelque chose n’allait pas. 

Bodhi buvait sans arrêt. Il passait d’un verre à l’autre, buvait l’eau de tout le monde. Au début, on ne s’est pas trop inquiétées. La soif, seule, ne semblait pas alarmante. Mais il trempait complètement ses couches. On a commencé à en mettre deux, à ajouter des protège-matelas, à essayer plein de trucs — rien ne fonctionnait. 

Kristy répétait que c’était sûrement plus grave. Ayant déjà perdu un enfant, j’étais convaincue qu’on était simplement trop vigilantes, qu’on cherchait des problèmes là où il n’y en avait pas. Mais un matin, Bodhi a décidé qu’il n’utiliserait que le petit pot. À 11 h, il l’avait déjà rempli dix fois. Kristy m’a écrit pendant que je finissais mon quart de travail pour dire qu’elle l’emmenait à la clinique d’urgence de St. Joe’s. 

Avec juste ces deux symptômes, ils ont vérifié sa glycémie… et elle était incroyablement élevée. Ils nous ont dit qu’il était probablement en acidocétose (DKA) et qu’il fallait soit l’hospitaliser tout de suite, soit l’amener en ambulance à l’hôpital Sick Kids pour commencer le traitement. 

À cause des mesures sanitaires liées à la COVID, un seul parent pouvait entrer. Kristy est allée avec lui pendant que j’attendais dehors. Je n’oublierai jamais cet appel. Kristy pleurait. Elle m’a dit que le médecin allait venir me voir dans le hall pour me permettre d’entrer. C’est là qu’on m’a dit, en face à face : « Il a le diabète. » Sick Kids allait prendre en charge ses soins. 

Ce qui était surréaliste, c’est que ses seuls symptômes étaient la soif excessive et la miction fréquente. Il était encore le même petit garçon heureux, curieux, énergique. On lui a mis une intraveineuse tout de suite, puis on a commencé l’insuline. Tout s’est enchaîné à une vitesse folle, on essayait de comprendre ce qui se passait alors qu’on était en état de choc. 

Ils ont ensuite obtenu une lecture plus précise des cétones et, miraculeusement, Bodhi n’était pas en DKA complète. Ils l’ont appelé un « guerrier ». Il avait bu assez d’eau pour éliminer une bonne partie des cétones. À 18 h ce même jour, on nous a dit qu’on pouvait le ramener à la maison. 

En tant que pompière, ma seule expérience du diabète, c’était en situation de crise. De ce point de vue-là, ça ne semblait pas possible que ce soit sécuritaire de le ramener à la maison. Mais c’était le premier jour de notre nouvelle vie . 

Et tout cela, on l’a vécu en isolement. Un seul parent aux rendez-vous. On venait de perdre River. On avait notre fils aîné, Finley, qui avait cinq ans à l’époque, et la dernière fois qu’on était allées à l’hôpital pour son petit frère, on était revenues sans bébé. Il avait tellement peur. Peur pour son frère. En famille, il a fallu se diviser. Le lendemain, Bodhi entrait déjà à la clinique de diabète de Sick Kids, et nous plongions dans un monde qu’on ne connaissait pas encore. 

Percée DT1 Canada : Que souhaitez-vous que les autres parents comprennent à propos du DT1? 

Kendra : 

Je crois sincèrement que les gens ont de bonnes intentions quand ils réagissent en apprenant le diagnostic de Bodhi. Ils veulent aider, faire preuve de gentillesse, être présents. Mais beaucoup confondent le diabète de type 1 avec le type 2. On a reçu beaucoup de conseils bien intentionnés, mais mal informés. Des gens nous disaient que tout irait bien si on supprimait le sucre ou la malbouffe. Un ami lui a donné une pomme au lieu d’un bonbon sans réaliser que je n’avais pas compté les glucides, et que ce n’est pas parce que c’est santé que ça ne compte pas. 

D’autres nous ont suggéré des régimes comme le keto, disant qu’il n’aurait plus besoin d’insuline. Même si ces suggestions partent d’une bonne intention, ça devient épuisant de toujours devoir corriger — surtout quand nous-mêmes, on essaie encore de comprendre. 

Même les gens qui connaissent bien le DT1 peuvent nous bombarder avec trop d’information. Au début, j’avais l’impression qu’il n’y avait nulle part où atterrir doucement. Aucun point de départ clair. Ce diagnostic n’affecte pas juste ton enfant : il transforme toute la dynamique familiale. 

Finley est un grand frère formidable. Patient, gentil, compréhensif. On est passé d’un garde-manger libre à des armoires verrouillées. Son horaire de repas a dû s’adapter à celui de Bodhi. Mais c’est un défi, trouver l’équilibre entre répondre aux besoins d’un enfant avec le DT1 tout en restant présent·e pour l’autre. 

Percée DT1 Canada : Qu’avez-vous appris depuis ces premiers jours? 

Kendra : 

J’ai appris qu’il faut éviter de trop s’accrocher à la pensée positive toxique. Au début, je voulais toujours relativiser : « Au moins, on a des SGC, des pompes, de bons médecins. » Et tout cela est vrai. Mais il fallait aussi que je laisse de la place pour l’honnêteté. 

Avec ma perspective en santé mentale, j’ai compris qu’il faut pouvoir dire : « Des fois, c’est dur. » Bodhi n’a pas toujours envie de se sentir différent. De devoir demander à un parent de calculer les glucides parce qu’un ami lui offre une collation. De gérer ses doses d’insuline à une fête. Être sous les projecteurs en permanence, c’est lourd pour un enfant. 

Et comme parent, c’est difficile de savoir qu’il vivra des choses que je ne pourrai jamais vraiment comprendre. Mais on est là avec lui. On l’écoute quand il dit que c’est difficile, que ça fait mal, qu’il est frustré. On n’essaie pas de réparer. On lui montre juste que c’est correct de se sentir comme ça. 

Au début, je n’acceptais pas ce que ça voulait dire, être son aidante. La fatigue décisionnelle est bien réelle. Toujours faire des calculs : Fait-il chaud dehors? Va-t-il bouger beaucoup? Quel est le ratio de glucides? À quel moment la glycémie va-t-elle remonter?  Quel est le facteur de correction? Ce ne sont pas des questions que les autres parents se posent avant de sortir. 

On donne à Bodhi la permission de tout ressentir. D’être déçu. D’être triste. On ne minimise pas son vécu. Ce n’est pas à nous de le faire. Et ça ne l’aiderait pas à se sentir moins seul. 

Percée DT1 Canada : Avez-vous des réflexions finales à partager? 

Kendra : 

On est extrêmement reconnaissantes pour la recherche, la technologie et les équipes médicales qui nous soutiennent. Tout cela rend la gestion du DT1 plus possible que jamais. 

Mais on vit un jour à la fois, avec honnêteté. 

(Au cours de la conversation, Kendra reçoit un message de l’enseignant·e de maternelle de Bodhi.) 

Kendra : 

J’ai vu le message, et mon cœur a fait un bond. Il s’avère qu’un autre enfant l’avait frappé à l’épaule. L’enseignant·e voulait simplement m’en informer et avait aussi prévenu les autres parents. J’ai pris une grande respiration et je me suis dit : il est debout, il va bien. On a gagné aujourd’hui. 

C’est comme ça qu’on avance. 

Une respiration à la fois. 

Un moment à la fois. 

Pour en savoir plus sur Kendra Fisher et découvrir son balado : https://kendrafisher.com/ 

Accélérer les thérapies de guérison : quatre nouvelles subventions issues du partenariat Percée DT1 – Réseau de cellules souches

Au cours des dernières décennies, d’importants progrès ont été réalisés dans le développement de thérapies de remplacement cellulaire pour le diabète de type 1 (DT1) — en grande partie ici même, au Canada. Nous savons maintenant que des îlots fabriqués peuvent être implantés de façon sécuritaire chez des personnes vivant avec le DT1, où ils commencent à produire de l’insuline. Mais il reste encore beaucoup à faire pour faire progresser ces thérapies et les rendre accessibles à un plus grand nombre de personnes.  

Pour stimuler de nouvelles avancées dans ce domaine, Percée DT1 est heureuse d’annoncer un partenariat avec le Réseau de cellules souches (RCS) du Canada, un organisme sans but lucratif financé par le gouvernement fédéral et axé sur la recherche en médecine régénérative et sur les cellules souches. Ensemble, Percée DT1 et le RCS soutiendront quatre nouveaux projets dirigés par des chercheurs canadiens.  

Cette annonce marque une étape importante dans l’expansion d’un partenariat stratégique lancé en 2021. Fidèles à leur engagement commun envers la formation de la relève scientifique, les deux organisations ont établi le programme de bourses J. Andrew McKee, décerné chaque année à un chercheur postdoctoral en médecine régénérative pour se joindre au Centre d’excellence de Percée DT1 à l’UBC. Les lauréats précédents (2022, 2023 et 2024) ont apporté à l’équipe de recherche du Centre des expertises issues de divers pays et disciplines.  En outre, grâce à l’intérêt partagé des deux organismes pour l’accélération du passage de la recherche à la commercialisation, Percée DT1 et le RCS ont collaboré à un programme pilote visant à renforcer les connaissances réglementaires des stagiaires en recherche, qui a depuis rejoint de nombreux chercheurs en médecine régénérative partout au pays. 

Afin de poursuivre sur cette lancée, le partenariat s’élargit maintenant pour financer de nouveaux projets de recherche translationnelle axés sur l’innovation et la commercialisation. Nous sommes donc ravis d’annoncer que quatre projets conjoints recevront du financement de mai 2025 à avril 2027. Ces subventions font partie du concours national 2025 du RCS sur la médecine régénérative, qui appuiera au total 36 projets.  

Dr Tim Kieffer (UBC), Dr James Shapiro (Université de l’Alberta), Dr Takanori Takebe (Cincinnati Children’s Hospital) et Lunar Therapeutics (Vancouver, C.-B.) – Subventions de soutien aux partenariats biotechnologiques

Combiner îlots dérivés de cellules souches et réseau vasculaire pour un produit de remplacement d’îlots plus performant 

Les thérapies cellulaires actuelles pour le DT1 (comme la transplantation d’îlots) peuvent être efficaces, mais elles dépendent toujours des dons d’organes et sont limitées par une faible survie cellulaire après la greffe, ce qui nécessite des doses élevées de cellules et des procédures répétées.  Ce nouveau projet ambitieux vise à s’attaquer à ces deux défis : la provenance des cellules d’îlots et leur faible taux de survie après transplantation. Le projet accélérera le développement préclinique, par Lunar Therapeutics, d’un produit de remplacement d’îlots dérivés de cellules souches — ce que le laboratoire du Dr Takebe décrit comme des « mini-organes complexes » pour le DT1.  

Ce produit contiendra non seulement des cellules productrices d’insuline, mais aussi des cellules endothéliales, semblables à celles qui tapissent les vaisseaux sanguins et le cœur. Ces cellules endothéliales soutiendront la survie et l’intégration des îlots après la transplantation.  

Pour atteindre cet objectif, Lunar Therapeutics réunira l’expertise canadienne en matière d’îlots dérivés de cellules souches et de transplantation clinique d’îlots, sous la direction du Dr Timothy Kieffer et du Dr James Shapiro. L’équipe comptera également sur le Dr Takanori Takebe, basé aux États-Unis, un expert en conception d’organoïdes complexes composés de divers types cellulaires. En combinant les technologies développées dans chacun de leurs laboratoires, cette équipe multidisciplinaire travaillera à offrir une solution efficace de remplacement des cellules d’îlots.  

Dre Marya Ahmed et Dr James Shapiro (Université de l’Alberta) – Subventions aux projets à fort impact 

Utiliser des gels d’origine naturelle pour optimiser la cryopréservation (stockage à très basse température) des îlots dérivés de cellules souches 

 L’implantation d’îlots dérivés de cellules souches chez des personnes vivant avec le DT1 peut rétablir la production d’insuline, éliminant ainsi le besoin d’injections et améliorant leur qualité de vie. Cependant, qu’ils soient prélevés chez des donneurs décédés ou créés à partir de cellules souches modifiées, ces îlots doivent être conservés avant d’être utilisés pour traiter une personne atteinte de DT1. À l’heure actuelle, la seule méthode de conservation repose sur la congélation à basse température avec des réactifs chimiques qui facilitent le processus de congélation. Malheureusement, ces réactifs peuvent provoquer la mort cellulaire lors de la décongélation et entraîner des réactions allergiques une fois transplantés chez les patients.   

Ce projet vise à combler cette lacune en développant des gels non toxiques d’origine naturelle pour optimiser la congélation et le stockage des cellules souches et des îlots. Les gels identifiés seront également évalués pour une production à l’échelle commerciale. Le succès de ce projet pourrait mener à de nouvelles propriétés intellectuelles qui intéresseront tant les chercheurs que les entreprises œuvrant en médecine régénérative, au Canada comme ailleurs dans le monde. 

Dre Corinne Hoesli (McGill), Dr André Bégin-Drolet (Laval), Dr Richard Leask (McGill), Dr Andras Nagy (Sinai Health, Toronto), Dr Steven Paraskevas (McGill) – Subventions aux projets à fort impact 

Pancréas bioartificiel à réseau vasculaire pour la thérapie cellulaire du diabète 
(Utiliser des vaisseaux sanguins pour créer un meilleur dispositif d’encapsulation pour les thérapies de remplacement des îlots) 

Les îlots dérivés de cellules souches représentent une source potentiellement illimitée d’îlots pour la transplantation. Comme ces îlots présentent des risques particuliers par rapport à ceux issus de donneurs, les encapsuler dans un dispositif permettrait de les retirer en cas de croissance non souhaitée. Toutefois, les dispositifs d’encapsulation testés jusqu’à présent dans des essais cliniques ont montré un succès limité, principalement en raison d’un apport sanguin insuffisant aux cellules à l’intérieur des dispositifs. Dans ce projet, l’équipe propose de développer un dispositif où les îlots dérivés de cellules souches seraient placés autour de vaisseaux préétablis, ce qui améliorerait la survie des cellules et la rapidité des réponses en insuline grâce à une meilleure irrigation sanguine. Le projet vise à optimiser la conception du dispositif et à réaliser des études précliniques avancées. 
 
Ce projet pourrait permettre une meilleure survie et un meilleur fonctionnement des îlots dérivés de cellules souches. Le dispositif pourrait assurer un contrôle à long terme de la glycémie sans intervention externe. Il pourrait également ouvrir la voie à d’autres organes bioartificiels de taille humaine, conçus en laboratoire. 

Dre Megan Levings, Dr Bruce Verchere, Dr Francis Lynn et Dr Peter Zandstra (UBC) – Subventions aux projets à fort impact  

Utiliser des cellules souches pour créer un modèle du système immunitaire humain atteint de DT1 dans une boîte de Petri 

De nombreux nouveaux traitements pour le DT1 sont en voie d’émerger, notamment le remplacement des cellules productrices d’insuline et les thérapies visant à bloquer l’auto-immunité, comme les « vaccins inversés » et les traitements par cellules immunitaires. Cependant, un obstacle majeur à leur mise au point est l’absence d’un modèle simple et fiable permettant de tester leurs effets sur des cellules humaines avant de passer aux essais cliniques. Le modèle préclinique standard repose sur l’expérimentation de thérapies dans des modèles murins du DT1, mais ces modèles présentent d’importantes limites, car il est pratiquement impossible d’y reproduire fidèlement le système immunitaire humain. D’ailleurs, le diabète a été « guéri » des centaines de fois chez la souris — sans que ces résultats se traduisent en succès chez l’humain. 
 
Pour surmonter cet obstacle, la Dre Levings et son équipe établiront un nouveau modèle reproduisant l’auto-immunité du DT1 humain en laboratoire. Ce modèle utilisera des cellules souches pour créer les trois types cellulaires impliqués dans la maladie : les cellules productrices d’insuline et deux types de cellules immunitaires, soit les lymphocytes T et les cellules présentatrices d’antigènes. Ces cellules seront ensuite combinées de différentes façons afin de recréer en laboratoire les processus typiques de l’auto-immunité. 
 
Un modèle du DT1 humain pouvant être généré en laboratoire permettra non seulement de tester des traitements potentiels, mais aussi de soulever de nouvelles questions sur les causes du DT1 et les moyens de le prévenir. Ainsi, cette recherche pourrait grandement favoriser le développement de thérapies novatrices qui offriront de nouvelles approches pour prévenir ou traiter le DT1. 

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Trouver une thérapie de guérison pour le DT1 est l’étoile du nord de Percée DT1, et nous sommes ravis de continuer à renforcer notre collaboration avec le Réseau de cellules souches dans le cadre de notre objectif commun : un monde sans DT1, grâce à l’innovation et à une recherche tournée vers l’avenir. 

Percée DT1 Canada continuera de vous tenir informés de l’évolution de ces projets au fur et à mesure qu’ils progressent. 

Jim Beatty – vivre un diagnostic à l’âge adulte sous les projecteurs

Jim Beatty est un bénévole passionné dans la lutte contre le diabète de type 1.  Depuis de nombreuses années, Jim donne de son temps à FRDJ, devenue Percée DT1, en animant des événements et en siégeant à divers comités.

Il vit avec le diabète de type 1 depuis plus de 20 ans, à la suite d’un diagnostic reçu à l’âge adulte. Ancien journaliste, Jim dirige maintenant sa propre entreprise de communication à Victoria, en Colombie-Britannique, où il aime faire de la randonnée, pêcher et profiter de la côte Ouest avec sa famille.

Percée DT1 Canada : Pouvez-vous nous parler de ce que vous vous rappelez avant votre diagnostic?

Jim Beatty : J’étais en bonne santé, actif, et père de deux jeunes enfants. À l’époque, j’étais chef de bureau pour le Vancouver Sun, où je couvrais l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique — un poste prenant et stressant. Chaque automne, je faisais mes analyses sanguines pour surveiller mon cholestérol. Cet automne-là, tout était normal. Mais les choses ont vite changé. À l’approche de Noël, je me souviens précisément de ce matin-là — je devais aller interviewer le premier ministre (Gordon Campbell, à l’époque) pour notre discussion annuelle de fin d’année, où l’on fait le bilan de l’année écoulée et on se projette vers celle à venir, un peu comme un discours sur l’état de la province.
 
Je me suis habillé, cravate et complet, puis j’ai dit à ma femme que je ne me sentais pas bien, que je ne pouvais pas aller travailler. J’étais tellement malade, si soudainement, que ma femme a dû appeler le bureau de presse pour annuler l’entrevue à ma place.

Pendant deux semaines, je pensais avoir une vilaine grippe. Mais deux mois plus tard, j’étais constamment épuisé, je m’endormais après le souper, et j’avais une soif insatiable. Je devais aussi me lever la nuit pour aller aux toilettes. Pris séparément, ces symptômes peuvent sembler anodins, faciles à ignorer ou à expliquer.

Mais mon état ne s’améliorait pas, alors je suis allé voir mon médecin de famille. Il m’a dit de faire une analyse sanguine. Les résultats sont revenus et il m’a simplement dit : « Vous avez le diabète ». Pas type 1 — juste « diabète ». Je n’y connaissais absolument rien. Ni du type 1, ni du type 2. Il n’y avait pas de diabète dans ma famille, et à l’époque, pas de Google pour faire des recherches.

J’ai d’abord été mal diagnostiqué avec un diabète de type 2, parce qu’à 36 ans, la majorité des médecins partent de cette hypothèse. On m’a dit de modifier mon alimentation et de faire plus d’exercice. J’ai tout fait, même si je vivais déjà comme ça, en majorité, avant le diagnostic. J’ai refait une analyse de sang et le taux d’HbA1c était encore très élevé. On m’a mis sous Metformine, mais cela n’a pas fonctionné non plus. J’ai donc dû passer à l’insuline, avec de multiples injections quotidiennes. 

Je n’aimais pas les aiguilles, et je me souviens m’être assis au bord de mon lit, avec une vraie seringue, et devoir me l’enfoncer dans le ventre. Je n’oublierai jamais à quel point c’était difficile, à quel point ça me semblait intrusif. C’est en février que j’ai dit pour la première fois que j’avais le diabète, et dès l’été, j’étais sous insulinothérapie.

Percée DT1 Canada : Comment avez-vous vécu votre diagnostic?

Jim Beatty : J’ai fait tout ce que les médecins m’ont dit de faire; je ne me suis pas traîné les pieds. Mais j’ai eu l’impression qu’on m’avait volé quelque chose; j’ai eu l’impression que c’était peut-être une erreur (le diagnostic de DT1). Je me suis dit que je pourrais peut-être m’en sortir avec l’exercice ou l’alimentation, que c’était peut-être passager, un faux positif? Je doutais, et j’avais constamment cette pensée que je pourrais m’en sortir par moi-même. Mais au bout d’un moment, c’était clair que ce n’allait pas disparaître.

Malheureusement, je n’avais personne à qui en parler. Je ne connaissais personne atteint du type 1. À part mon médecin de famille, que je voyais tous les 3 ou 4 mois, je me débrouillais seul. J’aurais aimé que les soutiens qui existent aujourd’hui aient existé à ce moment-là, surtout pour les adultes.

C’était isolant, solitaire, et j’avais tellement de questions. Des choses que je considère aujourd’hui comme acquises, je ne les connaissais absolument pas à l’époque. Tout était nouveau. Je n’avais jamais manipulé une seringue. Je n’avais jamais fait de test au doigt (pour vérifier la glycémie). Je ne savais absolument pas ce que basal et bolus voulaient dire (les types d’insuline). Mon endocrinologue utilisait des termes et un langage auxquels je ne comprenais rien. C’était une période confuse et frustrante.

Au début, j’étais journaliste dans un quotidien, et j’en ai parlé à deux collègues avec qui je travaillais étroitement. Ils devaient savoir que j’avais cette condition, que je pouvais avoir besoin de sucre, que j’avais des rendez-vous médicaux fréquents. Mais je n’en ai pas parlé à la direction ni à mes supérieurs. Je me disais que ça allait nuire à ma carrière, que ce serait perçu comme une faiblesse, une vulnérabilité. Et que ça pourrait être une raison de ne pas me promouvoir au niveau suivant.

Peu de temps après mon diagnostic, je suis passé à la télévision. J’étais chef de bureau à CTV Vancouver. J’ai informé le caméraman avec qui je travaillais tous les jours, parce que, par exemple, si je lui disais que j’avais besoin de manger, c’est que j’avais besoin de manger. Ce n’était pas juste une fringale. C’était une nécessité.

Mais je n’étais toujours pas à l’aise avec mon diagnostic, et je n’en parlais pas librement, en dehors de la famille et des amis.

J’ai changé de poste à nouveau et je suis devenu chef d’antenne à CHEK News à Victoria, et ma façon de penser n’avait pas beaucoup changé. Les patrons, le directeur de l’information, la direction – aucun d’eux ne savait que j’avais le type 1. Je gardais mon diagnostic en grande partie invisible. Je présentais les nouvelles, et pendant les pauses publicitaires, j’avais une petite table à côté de moi, et je faisais un test au doigt pour voir si j’avais besoin de sucre ou pour ajuster mon insuline. Et les gens ne savaient pas que je faisais ça; tout était caché.

Puis un appel de Percée DT1 (à l’époque FRDJ) a tout changé. On m’a demandé d’animer un gala de collecte de fonds. Ils me demandaient cela parce que j’étais un animateur connu dans la communauté, mais ils n’avaient aucune idée que j’étais atteint du DT1. Cette demande m’a un peu déstabilisé, parce que je savais que si je voulais être authentique en animant un événement pour la recherche sur le diabète de type 1, ce serait malhonnête de ne pas admettre que j’en étais atteint moi aussi.

J’ai réfléchi à la demande pendant quelques jours. J’ai beaucoup ruminé sur la question de « sortir du placard », et finalement, j’ai décidé que oui, j’allais le faire. Les premières personnes à qui j’en ai parlé, ce sont mes patrons. Je leur ai dit : « Écoutez, je vais animer un événement samedi, et il se pourrait que ça devienne une nouvelle quand je vais révéler que j’ai moi aussi le diabète de type 1. »

Alors je suis monté sur scène, et j’ai essentiellement fait mon coming out — « Je ne suis pas seulement votre animateur, je suis l’un des vôtres. » Et j’ai raconté mon histoire. Ce fut une soirée formidable. Un moment très libérateur. Des gens sont venus me remercier, j’ai tout de suite ressenti du soutien. Et c’était le début de ma volonté de vivre ouvertement avec cette maladie, et de la vivre comme il le faut. Sans peur d’en parler, honnêtement, en disant si j’avais besoin d’aide. C’était un moment charnière, parce que ça m’a libéré.

Je n’avais aucun lien avec Percée DT1 (FRDJ) avant cet événement, et cela a lancé une relation qui continue encore aujourd’hui. Galas à Victoria, Vancouver, Marches, Roulons, comité de relations gouvernementales. C’était très libérateur, et ça m’a mené à des endroits inattendus.

Percée DT1 Canada : Pour vous, à quoi ressemblerait une thérapie de guérison?

Jim Beatty : Pour moi, une thérapie de guérison, ce serait quelque chose qui me rendrait la normalité. Vivre sans avoir à transporter des collations en permanence, ne pas être connecté à des appareils 24 heures sur 24, pouvoir aller marcher, randonner, ou manger une pizza, sans devoir faire tous les calculs qui viennent avec. Une thérapie de guérison, ce serait une vie où je n’ai plus à penser constamment au diabète et à toutes ses complications.  Ce serait retrouver la vie que j’avais avant. Donc oui, bien sûr, ce serait fantastique.

Cinq ans, cinq ans — toutes les personnes vivant avec le diabète vous diront qu’ils entendent « la guérison arrivera dans cinq ans » depuis des décennies. Ce « cinq ans » est un faux espoir, donc je ne le dis plus, et je ne crois plus que ce soit possible en cinq ans.

Alors quand je pense à la thérapie de guérison, je ne pense pas à « la thérapie de guérison » en soi. Je m’intéresse davantage aux traitements d’aujourd’hui qui rendent ma vie meilleure. Et il y en a tellement que j’utilise aujourd’hui, qui relevaient du rêve il y a vingt ans. Ma vie est meilleure aujourd’hui grâce aux avancées dans les traitements, et ces améliorations progressives ont fait une réelle différence. Aujourd’hui, mon A1C est meilleur que jamais dans ma vie, et c’est grâce au SGC et à la pompe à insuline, et à la manière dont ils m’aident à mieux gérer mes taux (de glycémie).

Une guérison est, pour moi, une idée lointaine, très éloignée. Je vois les traitements comme quelque chose de réel, plus proche, plus tangible.

Percée DT1 Canada : Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec la communauté du DT1?

Jim Beatty : Ce que je regrette, c’est de ne pas avoir été plus ouvert à ces discussions, de ne pas avoir été plus ouvert sur mon diagnostic, plus tôt, et de l’avoir gardé secret. En gardant ça pour moi, en gardant cet important secret sur quelque chose d’aussi important dans ma vie — à l’époque, je pensais que c’était la bonne chose à faire. Mais maintenant, je sais que ce n’était pas le cas. J’aurais pu apprendre plus, avoir plus de soutien, et mon parcours aurait été plus simple et plus facile, bien plus tôt.

Alors sachez que vous n’avez pas à vous sentir isolé·e. Vous pouvez être ouvert·e; vous pouvez demander de l’aide. Acceptez cette aide. Et sachez que la vie est belle aujourd’hui. 

Nouvelles subventions prometteuses dans le portefeuille Percée DT1 – Thérapies de guérison

Nous sommes ravis d’annoncer six nouvelles subventions de Percée DT1 accordées à des scientifiques canadiens d’exception.  Ces subventions soutiennent toutes la recherche en thérapie cellulaire, dont l’objectif ultime est de remplacer les cellules productrices d’insuline chez les personnes vivant avec le DT1. 

Dre Cristina Nostro, Réseau de santé universitaire (Toronto) 

Fabrication d’îlots dérivés de cellules souches de qualité clinique – 2 subventions 

Jusqu’à présent, les efforts mondiaux en matière de thérapies cellulaires pour le DT1 – en grande partie menés par des chercheurs canadiens – ont reposé sur des lignées cellulaires de qualité recherche, moins coûteuses et plus accessibles pour l’expérimentation. Pour rendre ces thérapies prêtes à être testées en clinique, il est essentiel d’appliquer les Bonnes pratiques de fabrication (BPF) à la création et à l’évaluation des produits de thérapie cellulaire. Cela comprend du personnel adéquatement formé, des installations et équipements certifiés BPF, des lignées cellulaires de départ de qualité clinique, ainsi que des protocoles et des pratiques validés.   

Deux tentatives, un même objectif : ces deux nouvelles subventions utiliseront chacune le protocole de différenciation de renommée mondiale de la Dre Nostro pour produire des îlots à partir de lignées de cellules souches de qualité clinique, dans des installations certifiées BPF capables d’augmenter l’échelle du processus.  Le but ultime est d’accélérer la transition des produits de remplacement des îlots, du laboratoire vers les applications cliniques, en établissant une installation de fabrication de cellules bêta.  

Imaginez le protocole de la Dre Nostro pour différencier les cellules souches en îlots comme une excellente recette de pain au levain, perfectionnée dans sa propre cuisine avec des résultats délicieux et constants. Cette recette sera désormais testée dans deux boulangeries commerciales différentes, qui utiliseront leurs propres ingrédients et installations pour voir si elles peuvent produire le même pain au levain de qualité, mais à grande échelle. 

Dr Guy Rutter, CHUM Montréal 

L’imagerie pour explorer la survie et la fonction des îlots dérivés de cellules souches transplantés chez la souris 

Objectif : Développer une nouvelle technique d’imagerie pour examiner les îlots dérivés de cellules souches humaines chez la souris 

  • Cette approche permettra : 
    une comparaison en temps réel des sites de transplantation (foie vs sous la peau) 
  • une meilleure évaluation de la mort cellulaire, de l’irrigation sanguine et des attaques immunitaires 

L’un des principaux obstacles à l’évaluation du succès de la transplantation d’îlots dans le DT1 est qu’il est pratiquement impossible de « voir » les îlots à l’intérieur du corps, même chez de petits animaux. Aucune technique d’imagerie actuelle ne permet d’observer les îlots pour déterminer combien survivent et produisent encore de l’insuline.  C’est pourquoi certains essais cliniques utilisant des dispositifs de transplantation d’îlots (macroencapsulation) ont nécessité le retrait périodique du dispositif afin d’examiner les îlots et d’évaluer leur survie et leur fonction. Dans ce nouveau projet financé, le Dr Rutter propose une technique d’imagerie novatrice qui permettra à son équipe de « voir » les îlots en action chez la souris. Cette percée facilitera l’identification des facteurs qui influencent la survie et le bon fonctionnement des îlots transplantés.  

Dr Patrick MacDonald, Université de l’Alberta 

Analyse comparative par intelligence artificielle (IA) pour comprendre et améliorer les îlots dérivés de cellules souches 

Au cours des cinq dernières années, le Dr MacDonald et son équipe ont créé une base de données révolutionnaire : humanislets.com. Cette plateforme regroupe des îlots isolés à partir de centaines de pancréas donnés (par des personnes décédées atteintes de DT1, de DT2 ou non diabétiques) et les caractérise grâce aux données issues des approches « omiques ». Ce terme regroupe l’étude de toutes les molécules biologiques d’une cellule, notamment la génomique (ADN), la transcriptomique (ARN), la protéomique (protéines) et la métabolomique (métabolites). Ensemble, ces données offrent un portrait exceptionnellement détaillé des îlots, révélant de nouvelles connaissances biologiques et des perspectives inédites sur le diabète. Toutes les données sont accessibles au public et mises à la disposition des scientifiques du monde entier, constituant ainsi une ressource précieuse pour orienter les nouvelles recherches sur le diabète.  

Objectif : La nouvelle subvention du Dr MacDonald permettra d’élargir cette base de données financée par Percée DT1 afin d’y inclure des données omiques provenant d’îlots dérivés de cellules souches, pour qu’ils puissent être comparés aux îlots de donneurs. L’équipe intégrera des méthodes d’intelligence artificielle pour identifier les caractéristiques nécessaires à la création de produits de remplacement d’îlots de nouvelle génération, plus performants, pour le DT1. 

Dr Haoning Cen, Université de la Colombie-Britannique 

Bourse postdoctorale (Superviseur : Dr James Johnson et Dr Leonard Foster) 

Un plan directeur pour produire de meilleures cellules bêta 

Objectif : créer des plans détaillés comparant les cellules bêta de donneurs et celles dérivées de cellules souches 

  • Le projet utilisera la détection de plus de 10 000 protéines 
  • Chaque protéine sera classée selon sa quantité et sa localisation, afin de comparer les cellules bêta « naturelles » à celles issues de cellules souches 

Dr Sean Kinney, Université de Toronto 

Bourse postdoctorale (Superviseur : Dr Michael Sefton)  

Plateforme de biomatériaux pour la transplantation d’îlots sous la peau  

Objectif : créer un échafaudage biologique (une petite structure faite de matériaux biocompatibles capables de soutenir la croissance et la survie de nouvelles cellules) pour la transplantation d’îlots à l’aide d’un hydrogel régénératif. 

  • L’échafaudage favorisera la croissance des vaisseaux sanguins, des nerfs et des tissus afin de soutenir la survie des îlots. 
  • Une thérapie immunomodulatrice (modification du fonctionnement du système immunitaire, par exemple) intégrée à l’échafaudage sera également explorée.  

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